L'Autriche, le pays où la vie est moins dure (juin 1724)

Le couple impérial (Charles VI d'Autriche et son épouse l'impératrice consort et duchesse de Mantoue Anne-Claire de Gonzague) a commencé un voyage à travers tout l'empire d'Autriche. De Vienne à Anvers en passant par les villes excentrées de Arad et de Reichenberg, les dix plus grandes cités de l'empire Habsbourg l'accueilleront en grande pompe. Fiscalité, commerce, religion, armée : les différents gouverneurs feront part de leurs doléances à l'empereur pour parfaire une situation déjà très bonne. En effet, les villes autrichiennes, hongroises, bohémiennes, néerlandaises et transylvaniennes sont riches et rapportent beaucoup d'argent à la couronne, si bien que l'Autriche peut se contenter d'une présence modeste sur les marchés financiers européens, ce qui est donc gage d'une grande sécurité financière d'autant plus que les taxes se situent à un seuil acceptable.
Charles VI a fait de ses villes de vraies centres culturels et religieux. Les populations urbaines de ses villes (mis à part Anvers et Agram fondées encore récemment) sont à plus de 81% de taux de bonheur, ce qui est exceptionnel.

L'empereur Habsbourg a donc privilégié une stabilité tant sur le plan intérieur qu'extérieur, comme par exemple en ayant renoncé à ses prétentions sur l’Espagne et en allant même jusqu'à faire de Philippe V un de ses alliés principaux, mais aussi en s'alliant avec le Pape, l'électrice de Bavière ou encore le doge de Venise. Cette diplomatie fructueuse se base d'une part sur une politique matrimoniale prudente mais qui fait rejaillir un certain prestige aux cours européennes qui contractent des mariages avec la maison Habsbourg, et d'autre part sur une volonté imperturbable de Charles VI de faire reconnaître la Pragmatique Sanction par le plus grand nombre de souverains européens. Une politique qui sied très bien à la devise Habsbourg Austriae est imperare orbi universo (La destinée de l'Autriche est de diriger le monde entier).

En effet, Charles VI avait épousé en 1711 une princesse catholique issue d'une cour modeste mais dotée d'une grande beauté et d'un caractère affirmé : Anne-Claire de Gonzague, nièce du duc de Mantoue Charles III Ferdinand à qui elle avait succédé en 1708. Le couple est toujours très uni après treize ans de mariage, malgré le fait que pendant 6 ans, leur union demeura stérile, avant de voir la naissance de trois enfants : Marie-Thérèse (1717), Marie-Anne (1718) et très récemment Marie-Amélie (1724). L'absence d'héritier mâle avait donc poussé l'empereur Charles à faire reconnaître ses filles comme ses successeurs légitimes dans l'Empire et au-délà.

Le voyage se terminera dans cinq mois dans la cité de son épouse : Mantoue. Mélomane et musicien passionné au point d'avoir accompagné lui-même au clavecin il y a quelques mois le jeune castrat Farinelli, Charles VI y rencontrera son ami le vénitien Antonio Vivaldi que le couple impérial a convié au Palazzo Ducale de la duchesse Anne-Claire.

La République reconnaît, dans la personnalité de l'empereur, l'incarnation du plus grand souverain de l'Europe. Ce fut un honneur lorsque l'empereur a demandé à Venise de rejoindre la ligue catholique. Encore longue vie à l'empereur,

avec toutes mes amitiés,

Le doge.

Le Royaume d'Espagne se joint à moi pour souhaiter longue vie et long règne à la Dynastie des Habsbourg d'Autriche.

Amicalement, Philippe V.