L'empereur de Russie vient de s'éteindre à l'âge de 52 ans. En 1724 on avait diagnostiqué chez Pierre le Grand la gravelle (calculs dans l'urètre). Il souffrait depuis septembre de violentes douleurs dans les reins. Il faut ajouter à cela les suites de maladies vénériennes qu'il avait contracté et qui avaient été mal soignées. Ses cuisses s'étaient d'ailleurs couvertes d'abcès purulents.
Sa santé commençait à donner quelques inquiétudes dès 1721 avec un asthme assez violent. Mais cumulant quelques maladies aux fièvres intenses, il se remettait toujours sur pied en quelques jours voire quelques heures et recommençait à courir d'un bout à l'autre du pays. Il semblait donc indestructible. En 1722 apparurent les premiers symptomes d'une rétention urinaire qui alla en s'aggravant jusqu'en hiver 1723. Il refusa de se reposer et traita d'ânes battés ses médecins comme l'allemand Blumenstrost et l'anglais Paulson.
Cela ne l'empêcha pas de se rendre sur le canal du lac Ladoga pour suivre l'avancée des travaux de fortifications. Là il coucha sous la tente et parcourut à cheval les eaux marécageuses glaciales. Il repartit ensuite à Saint Pétersbourg par les voies de navigation.
Près de la petite ville de Lahta, il se jeta dans l'eau glacée jusqu'à la ceinture pour sauver les marins d'un navire échoué. Quand il rentra au palais, il fut sous l'emprise d'une forte fièvre et du s'aliter. Le chirurgien anglais Horn lui fit une ponction mais trop tardivement.
"Je me sens très mal; il me semble avoir une maison sur la poitrine..." dit-il à son aide de camp. Les convulsions le reprirent mais il arriva tout de même à se confesser et communier trois fois entre le 22 et le 26 janvier. Il donna à l'Eglise des signes de repentir et ordonna de relâcher des prisons tous les détenus qui n'avaient pas de sang sur les mains.
Le 27 janvier à deux heures de l'après-midi, il demanda un nécessaire d'écriture mais n'arriva à tracer que ces mots :
"Rendez tout à...".
Pierre le Grand expira donc le 28 janvier 1725 (8 février du calendrier orthodoxe) à six heures du matin, sans avoir désigné son successeur.
En 1722 il avait fait publier un manifeste dans lequel il s'était arrogé le droit de règler lui-même sa succession. Son seul geste reconnu avait été de faire couronner impératrice son épouse Marthe Hélène Skavronskaïa.
C'est donc la veuve de Pierre, l'actuelle gouverneure de Moscou qui devient impératrice de Russie sous le nom de Catherine Ière. Elle a donc été reconnue souveraine de toutes les Russies et a nommé comme chef de gouvernement le général Alexandre Danilovitch Menchikov.