Le canal des pharaons est un ancien canal creusé dans l’Égypte antique (probablement durant la XIIe dynastie par le pharaon Sésostris III au XIXe siècle avant notre ère) pour assurer la liaison entre le Nil et la mer Rouge. Dirigé d'ouest en est à travers le Wadi Tumilat, le canal permettait ainsi les échanges direct entre mer Rouge et Méditerranée, afin de pouvoir commercer avec le Ta Netjer. Depuis Péluse (Port-Saïd) jusqu'à Bubastis (Zagazig), la remontée du Nil se faisait par la branche orientale du fleuve, la branche tanique. De Bubastis, un premier canal mènait aux lacs centraux, dont le plus grand est le lac Amer, et une seconde voie d'eau rejoint ensuite la mer Rouge.
Plus récemment, les français furent les premiers à avoir eu l'idée de relier la Méditerranée à la Mer Noire, de Philippe Duplessis-Mornay en 1584 à Colbert, mais les projets ne furent pas aboutis. De 1679 à 1713, Jacques Savary, un riche exportateur français, avait publié sept éditions du Parfait négociant, un guide à l'usage des marchands installés en Égypte et contraints de se soumettre aux exigences des courtiers arabes. Il y exposait l'intérêt qu'il y aurait à relancer le trafic commercial via la mer Rouge. Son ouvrage eu écho auprès du doge Alvise II Mocenigo dans les années 1700 lors d'un voyage de Savary à Venise mais le doge, devant la cherté "pharaonique" du chantier ne désira pas aller plus loin.
Le canal resta donc à l'abandon depuis 636 (occupation arabe). Le doge de Venise Sebastiano Mocenigo qui colonisa l'Egypte en y fondant le comptoir de Alexandrie en 1725 envisagea de le réaménager afin de pouvoir faire passer les patrouilleurs et les convois de la Sérénissime république.
Mais le manque de fonds, l'exploitation tardive des ressources égyptiennes et les morts prématurées et successives des doges Sebastiano Mocenigo (1732) et Carlo Ruzzini (1735) retardèrent le projet qui était déjà presque tombé dans l'oubli.
Le successeur de Ruzzini, Alvise Pisani relança le projet le 1er juin 1737 et trouva facilement les fonds nécessaires pour aménager le canal des pharaons (rebaptisé "Canal des doges" à l'occasion) et y envoya son neveu Salvatore Pisani comme ingénieur en chef pour superviser les travaux. Le but était que les navires vénitiens certes de faible tonnage (600 tonneaux maximum) mais qui pouvaient déjà naviguer sur le Nil sans grande difficulté jusqu'à Bubastis, puissent rejoindre la mer Rouge par ce canal malheureusement trop étroit. Les travaux d'aménagement et d'élargissement commencèrent le 26 août 1737 pour finalement se terminer le 20 décembre 1738 et coûtèrent la bagatelle de 2.000 livres-tournois.